domingo, noviembre 21, 2021

A la frontiere / En la frontera, cuento de Alexandro Roque, traducción y voz de Amanda Bouchenoire



Agradezco infinito a la artista plástica Amanda Bouchenoire 

Audio disponible en SoundCloud.


* * * 
A la frontiere

A la douane on arrête un instant la muse. Les gardes se méfient de sa légèreté car ils ne peuvent pas voir ses ailes. Les souvenirs sont portés par moi, mais ils ne sont pas lourds non plus.

—Quelque chose à déclarer ? Lui demandent-ils ?

Elle n'a rien dit. Les Muses n'aiment pas les impératifs. Par leur simple existence, elles transforment n'importe quel muscle cardiaque en autel, musée, panthéon, palais. Et ce muscle se joint battement à battement aux nerfs optiques, au doigt cordial et aux autres. Et nous devenons un collectif d'anonymat, d'hétéronymes, de pseudonyme : c'est dans cette différence que nous trouvons notre moitié, nos trois huitièmes, notre quintessence. Le mot et le sens.

Elle sourit. Ils lui sourient. Elle disparaît quelques mètres devant moi.

—Quelque chose à déclarer ? —Ils me demandent

—Rien, plutôt beaucoup à écrire.

—Vous avez acheté beaucoup de souvenirs ? —Non, je les ai construits. D'autres sont en chemin dans mes rêves.

Vous ne ressemblez pas à celui qui est sur votre passeport.

—C'est parce que je ne suis plus le même.

On dit que les frontières et le sens des choses sont arbitraires.

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